
1-Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Guillaume Bodet : Je suis professeur en management des organisations sportives et directeur de l’UFR STAPS de l’Université Claude Bernard Lyon 1 depuis trois ans. En décembre 2024, j’ai été élu président de la C3D STAPS.
Mon engagement dans la Conférence s’est fait progressivement : d’abord membre du conseil d’administration, puis vice-président en charge des questions de management du sport. L’opportunité de la présidence s’est présentée naturellement avec le départ de mon prédécesseur. Ce qui m’a motivé, c’est la dynamique collective très forte au sein de notre communauté. Elle est très cohésive et porteuse de nombreux projets nationaux, comme Shift, l’élaboration d’un référentiel commun pour Parcoursup ou encore la réflexion sur l’évolution des formations STAPS et leur structuration en blocs de compétences.
2-Quels sont selon vous les atouts du numérique en STAPS ?
Guillaume Bodet : Mon intérêt pour le numérique, à travers l'hybridation de l'enseignement et l'enseignement à distance s'est développé au fil des années, en particulier grâce à des formations innovantes mises en place au sein de mon UFR. Il faut faire comprendre que le numérique ne doit pas être perçu comme un substitut à l'enseignement traditionnel, mais plutôt comme un complément essentiel qui ne doit pas remplacer la pratique. De manière plus approfondi, il permet également de se questionner sur l’apprentissage, de ses formats et de ses différents objectifs ainsi que la diversité des publics.
En STAPS, nous sommes très attachés à la pratique, mais aussi à la réflexion didactique et pédagogique. L’usage du numérique permet d’enrichir les apprentissages. Des dispositifs comme le projet SHIFT ont déjà permis de mutualiser des ressources pédagogiques et de développer des contenus accessibles à distance. Autre exemple, l'usage de la vidéo est devenu un outil professionnel courant pour les entraîneurs et les enseignants, qui filment les athlètes et/ou les étudiants pour analyser leurs mouvements et s'auto-évaluer. Cela crée un lien naturel avec la formation.
Le numérique permet également de répondre à la forte demande d’inscriptions en STAPS, qui en fait une filière en tension. L’intégration du numérique est donc une réponse à la fois pédagogique et pragmatique, notamment pour accompagner l’hétérogénéité des formations et des publics et les contraintes de ressources des universités.
3-Quels sont les enjeux actuels pour la communauté STAPS et vos projets ?
Guillaume Bodet : L’objectif de la C3D STAPS est de répondre aux attentes des étudiants et des professionnels tout en maintenant l’excellence académique et pédagogique qui fait la force de notre communauté. Notre filière est en constante évolution, et il est important de maintenir la dynamique collective qui y participe et qui l’accompagne. Au sein de la Conférence, nous allons relancer une commission sur le numérique, afin de coordonner les efforts et de travailler sur la certification des compétences, les portfolios, etc. Côté enjeux, ils sont nombreux.
Il y a la question de la mutualisation des ressources pédagogiques à l’échelle nationale. Le projet Shift a démontré son intérêt en permettant d’harmoniser certaines pratiques et d’encourager le partage de contenus entre universités. Il faut sans doute penser à l’après-Shift.
Nous devons aussi envisager de nouveaux dispositifs, par exemple sur des thématiques comme la transition écologique ou la prévention des violences sexistes et sexuelles. Ce sont là des sujets propices à la mutualisation et à une démarche collaborative.